Gaudelette
Je feuilletais tout à l’heure le numéro spécial 30ème anniversaire de fluide glacial dans mon fumoir, (non en fait j’étais aux chiottes, mais je trouve plus classe de laisser penser que je m’octroie le luxe de posséder un fumoir).
Un beau petit pavé de 175 pages plein de trésors festifs, du Goossens, du Bouzard, du Ferri
( j’en passe) et quelques invités pas dégueulasses non plus. Et, alors que je me tapais une gentille barre de rire, je tombe sur la BD de Gaudelette, et là… la baffe, la sueur froide, le malaise. Un numéro anniversaire c’est toujours un peu l’heure du bilan, et le sien m’a laissé un arrière goût de sciure dans la bouche. J’avais la désolante impression que c’était la dernière BD de Gaudelette que je lirai. C’était affreusement triste, démissionnaire, plein d’une désillusion profonde et achevée.
Gaudelette c’est l’époque magique de Fluide, celle dynamique et déjantée où avec Larcenet et Raynal ils dynamitaient littéralement le journal. Si je m’acharne aujourd’hui encore à dessiner c’est parce qu’il y’a eu Gaudelette entre autre. Pas un dessinateur n’a un style qui de prêt ou de loin ressemble à celui de Gaudelette. C’est universellement unique. Je crois que pas un dessinateur, pas même Larcenet possède un caractère aussi épouvantablement, misanthrope et droit (pour ne pas dire rigide) que Gaudelette. Et voilà, il nous l’annonce clair et net : il y croit plus, il est rincé. Les grandes illusions sont finies, et je désespère comme certainement beaucoup d’autres lecteurs de le voir sortir de la facilité de ses éditos pour retourner se consacrer à un album.
Ces 4 pages m’ont vraiment touché, j’en suis ressorti triste, on est toujours triste de voir quelqu’un qu’on aime aller mal… Même si cet article reste lettre morte (il n’aime pas trop Internet, c’est du moins ce qu’il laissait entendre à l’époque du fluide spécial informatique) je conclurai de la même façon que le père dans sa BD : Fais-moi encore plein de beaux dessins…