Pantera

Ben oui Pantera quand même…avec un nom pareil, on se dit que le groupe en question n’a pas grand chose à proposer, et pourtant…

Desprosges disait : " j’aime les histoires qui finissent mal, ce sont celles qui ressemblent le plus à la vie ".

Autant Pantera l’aurait fait chier, autant l’histoire l’aurait interpellé.(ou pas)

Pantera, c’est une constante dichotomie entre connerie basique et inspiration mystique, et je pèse mes mots.

Il y’a un monde entre ce que Pantera pouvait graver sur ses galettes, et sa vie passée à tout peter.

La question qui m’a toujours escagassé, c’est : Comment on peut " être Pantera " et composer les albums de Pantera en même temps ? Il y’a une rupture complète entre cette bande de chevelus potaches qui ont inventé jackass, (ceux qui ont eu le courage de se taper les home vidéos voient de quoi je parle), et la musique émancipatrice qu’ils ont pu pondre.

Déjà dans le monde du métal, Pantera était un peu ovni… un seul gratteux, un look de sudistes intégristes et une musique très à part, Pantera brillait par son non-conformisme.

Musicalement, il faut se remettre dans le contexte des années 90, c’était du jamais vu. Ils ont proposé un metal rythmique en rupture avec tous les canons de l’époque (" vulgar display of power " qui les fera véritablement connaître) jusqu’à sortir " Far beyond driven " (n°1 des charts US, quand on connaît la bête ça laisse rêveur). style que d’autres groupes comme Fear Factory auront complété avec talents jusqu’à donner le cyber metal (oui moi aussi es noms composés avec metal dedans m’amusent beaucoup).

Pantera était un groupe d’affamés qui s’est fait connaître et reconnaître en tournant sans répit sur toutes les scènes de la planète. Un groupe de morfales qui a grillé la chandelle par les deux bouts jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de chandelle. Moi-même qui ne suis pas le dernier à traîner mes groles dans les concerts je les ai vu trois fois au zénith, deux concerts de merde, avec entre les deux, un concert mémorable ou ils étaient en forme, un concert que je n’oublierais jamais tant ce que j’ai vécu ce soir là était grand. Je me félicite encore aujourd’hui d’y avoir traîné des potes néophytes pour qu’ils viennent voir la bête. Ils ont joué " Hard lines " mon morceau favori, un morceau audacieux quand on n’a qu’un gratteux pour tout faire, mais quand on est Pantera rien n’est impossible.

Puis quand on est Pantera, y’a un moment ou à force de s’en mettre plein le pif ou ras le gosier, ça part en couille.

Pantera a enregistré " great southern trendkill " qui rompt avec le coté power metal (oui oui je sais) puisque certains groupes suscités empiétaient avec talents sur leurs plate bandes… puis ce fut " reinventing the steel ", l’album de la débâcle. Trop de came, trop de tise, et l’explosion en plein vol, le split. Pantera c’était fini.

Phil Anselmo, l’impressionnant front man, qui depuis s’était laissé poussé le bide et les cheveux avait bien quelques side project comme Down ou Christ inversion, mais pour les frères Abbott (le guitariste et le batteur) il fallait vite rebondir. Par exemple en créant Damageplan, un groupe dont je préfère ne rien dire, simplement par respect.

On ne peut pas être et avoir été…et voilà ! Voilà que plein de ressentiments, de came et d’éthylisme, chacun de son coté se met à blâmer l’autre de la fin de ce qui devait finir. J’ai vu à l’époque une vidéo de Vinnie fin bourré qui reprochait à Anselmo d’être un drug addict. Spectacle désolant devant lequel, le fan désarmé ne peut que déplorer son impuissance.

Forcément, Anselmo, fier comme un paon ne pouvait que répliquer avec fracas que c’est celui qui dit qui est… le tout relayé par les médias metals qui valent bien les autres, faut pas croire ; qui profitent de sa colère pour le faire poser avec un couteau ou photoshop pourra coller un reflet de Dimebag Darrell. Pas besoin de pousser beaucoup le gus non plus pour qu’il épande son amertume en souhaitant a ses anciens amis la pire des fins… Ben oui, quand les liens entre deux personnes sont fortes, on ne peut pas passer de la passion à l’indifférence, on passe à la haine, une façon comme une autre d’entretenir la passion.

Le problème, c’est quand cette haine devient une affaire publique, qu’elle tombe dans l’oreille d’un fan un peu instable, et que le gars, un 8 décembre 2004 se rend au concert de Damageplan pour flinguer Dimebag (5 balles à bout portant selon wikipedia) et un roadies avant de retourner l’arme contre lui. (Oui c’est con, aux USA les armes sont aussi faciles à se procurer que des disques).

Anselmo bien évidemment déclaré persona non grata à l’enterrement de son presque frère, s’épand une dernière fois en vidéo, en disant qu’il comprend, s’en prenant une dernière fois aux médias metal avant de disparaître.

Voilà…l’histoire de Pantera c’est ça. Une tragédie matinée de gros riffs bien lourds et de lyrics lucides et durs qui fini dans le sang et le désespoir.

Je sais que cette histoire a divisée bien des fans (abréviation anglaise de fanatic ndla) personnellement, je n’en veux pas à Phil, je le plains autant que je peux plaindre la famille Abbott. Je leur suis juste reconnaissant pour " far beyond driven " qui m’a souvent soutenu dans des moments durs (je sais ça a l’air con mais c’est vrai). Quand je pense à Pantera, j’ai le choix entre beaucoup de choses, mais je ne pense qu’au meilleur. J’ai far beyond driven en vynil avec la pochette non censurée signée par tous les membres du groupe. Un pote m’a fait remarquer que ça devait valoir une petite fortune sur Ebay…sans deconner ! Je préfère vendre un rein connard !

Pantera...Quel gachis putain...